De nouvelles coalitions des pays compétents et volontaires marquent la pensée stratégique de l’Union
Bien que compliquées, les relations entre la France et l’Allemagne restent cruciales pour faire avancer l’Union européenne. Néanmoins, ces dernières années ont montré un gain d’importance d’autres pays membres de l’Union dans ce domaine. L’Italie a impulsé, sous le gouvernement Draghi, une dynamique pour renforcer ses partenariats, comme en témoignent le traité du Quirinal avec la France signé en novembre 2021, ou encore les discussions trilatérales entre Paris, Rome et Berlin qui se sont tenues mi-décembre 2021. Il est alors probable que ces pays continueront de renforcer leurs efforts pour peser dans les décisions sur la sécurité et la défense européennes.
Toutefois, nos voisins britanniques ne doivent pas être négligés. Alors qu’a eu lieu très récemment le 36ème sommet franco-britannique qui réaffirme l’amitié entre Paris et Londres, la France, au profit d’une sorte de passion assumée envers les Allemands, a souvent déconsidéré ses partenaires anglais. Pourtant, les divergences ne manquent pas (SCAF, investissement de 100 milliards d'euros dans des équipements américains, etc.).
Le Royaume-Uni, seule puissance européenne avec la France à maitriser la production de sous-marins, est toutefois confronté à une problématique de taille qui limite ses relations avec la France. L’équipement de leurs systèmes de combat est dépendant de l’industrie américaine et soumis à l’International Traffic in Arms Regulations (ITAR) grâce auquel les Américains s’arrogent un pouvoir de confirmation des frappes armées britanniques. Par ce biais, ils sont aujourd’hui investis sur les questions de sécurité européenne.
Alors que nous pouvons difficilement nous reposer sur nos traditionnels alliés, l’émergence des nouvelles coalitions des pays européens se manifeste dans les contributions militaires à la task force Takuba, une unité composée des forces européennes spécialisées et complètement intégrées dans la mission française Barkhane. Si cette force est constituée en dehors des structures institutionnelles de l’Union, elle augmentera les capacités d’interopérabilité et pourra, sur le moyen terme, promouvoir l’émergence d’une culture stratégique commune des pays participants. Qu’il s’agisse d’accords ou d’opérations communes, et que ces dernières aient lieu au sein ou à l’extérieur des structures de l’Union, les priorités stratégiques au sein de l’Union s’en voient directement impactées.