Un premier enjeu important concerne la souveraineté maritime française :
La France, comme d’autres pays, est aujourd’hui confrontée à un enjeu émergeant. Dans le domaine maritime, 90% de la flotte est aujourd’hui construite par des pays asiatiques, entre autres la Chine et la Corée. Le commerce est un enjeu important, si ce n'est l’un des plus essentiels : protéger notre commerce, c’est nous protéger.
Un second enjeu important relatif à la concurrence navale de la Chine :
Dans le domaine naval tous les pays au monde sont en train de renforcer leur flotte navale, bien qu’à des rythmes différents. Alors qu’il y a quelques années la Chine produisait annuellement l’équivalent de ce qui était produit dans le même temps en termes de tonnage français, elle a produit en 2022 l’équivalent de la moitié du tonnage français dans sa globalité. Ainsi, la Chine devrait aligner cinq-cents navires de premier rang dont onze porte-avions, cent frégates entre autres, alors même que les Etats-Unis estiment que moins de quatre-cents navires feraient largement l’affaire.
Il y a aujourd’hui un sujet préoccupant dans la construction navale qui démarque et sollicite de manière durable les producteurs européens, en particulier grecs et français : celui de la transition énergétique. En ce sens, la construction de navires propulsés au GNL fut amenée comme une révolution dans le milieu alors que, considérée comme l’avenir dans le monde de la croisière, cette source d'énergie permettrait, en moyenne, d’émettre 25% de CO2 en moins.
Concernant la conception des forces navales, il faut avoir à l’esprit que l’industrie navale est une industrie de cycle long. Il faut environ vingt ans pour construire un sous-marin. On commence aujourd’hui la fabrication de navires qui ne seront pas en service avant 2035 : « Le grand-père du commandant du dernier navire en production n’est peut-être pas né » disait avec humour le Président de Naval Group. Les forces navales aujourd’hui en construction, qui feront notre puissance sur mer demain, sont sujettes à des touches d’innovation par rapport aux précédents engins. Toutefois, il n’y a pas pour autant de révolution dans les types de navires en cours actuellement.
Quand on aborde le sujet de la construction industrielle, deux enjeux importants sont à prendre en compte : la limite des ressources humaines et la question de la désindustrialisation. D’abord, la question des ressources humaine est primordiale alors que la construction navale souffre aujourd’hui de son attractivité, notamment en raison du discours tenu par l’Éducation Nationale concernant les métiers de l’industrie, ce qui implique un manque de recrutement de mécaniciens, soudeurs et autres ouvriers manuels. Ensuite, le sujet de la désindustrialisation. Il faut savoir que la capacité de ces acteurs est liée à leur compétitivité économique (prix des navires chinois en constante baisse). Cette même compétitivité est permise par la rentabilisation des infrastructures navales qui sont de très grandes ampleurs. En l’occurrence, le démantèlement ou le maintien de ces mêmes infrastructures fait l’objet de choix politiques qui déterminent grandement les perspectives d’armement d’un pays.
Notons que cette compétitivité économique tient au maintien de la sphère d’influence politique des pays qui conditionne les exportations navales. L’exemple de l’Australie passée sous la sphère d’influence américaine en est un témoignage marquant, bien que l’affaire des sous-marins français tienne à bien plus que la compétitivité économique, notamment aux décisions politiques suivant l’élection en 2019 de Scott Morrison.