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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 : un soft power réinventé ?

Le 07/12/2023

Dans Les articles du CSI

Les Jeux Olympiques de 2024, une opportunité pour la France de témoigner de l’assise de son soft power à l’échelle internationale.

Rédigé par : Kevin COMBE

L'article en quelques mots :

Comment la France se saisit-elle de l’opportunité d’accueillir les Jeux Olympiques de 2024 sur son territoire pour faire valoir son “soft-power” ? Entre valorisation culturelle, financement de projets locaux, soutien des départements engagés et lien social, revenons sur les axes de réflexion et de progression que peut dégager cet évènement sportif d’ampleur internationale.

Retour sur politiques publiques actuelles et futures qui devraient permettre à la France de capitaliser sur l’événement planétaire qui se tiendra l’an prochain sur son sol.

Jo 2024

Introduction :

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 suscitent engouement et curiosité. Alors que  près de 16 millions de personnes  sont attendues pour cette édition, la ville lumière s’apprête à vivre un véritable baptême du feu. Près de 230 jours nous séparent de l’évènement qui rassemblera près de 4 milliards de téléspectateurs, et 10.500 athlètes .

Le 26 juillet 2024, date de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, la flamme olympique sillonnera le long de la Seine. Pendant six kilomètres, elle témoignera de la grandeur du dispositif francilien et national mis à l’oeuvre afin de recevoir durant 16 jours les délégations internationales. Cette représentation est en une rupture  avec les traditionnelles cérémonies d’ouverture des Jeux qui se déroulaient à l’usage dans des stades olympiques. Par cette cérémonie hors du commun, Paris fait un clin d’oeil à son «soft-power»  français  et entend bien marquer les esprits lors de la cérémonie d’ouverture.

Un temps à exploiter, une occasion à ne pas rater.

Pour la France, les JO symbolisent une opportunité de témoigner de la puissance de sa culture, de sa modernité et de l’assise de son soft power à l’échelle internationale. Paris compte “casser les codes” en misant sur des démonstrations sportives de haut niveau dans un cadre mettant à l’honneur la finesse de l’art français, à travers ses ponts, ses monuments, et ses établissements culturels.

Si le soft power à la française sera mis à l’épreuve, il aura aussi pour but d’apporter des réponses sur la capacité de la France à relever un défi crucial : la postérité de l’évènement. Au-delà de l’enjeu sportif, la France est confrontée à une gageure sociale. Par l’intermédiaire de politiques publiques, l’Etat entend  tisser des liens institutionnels et culturels avec d’autres nations. Le  partenariat entre la ville d’Eaubonne (Val d’Oise) et la chambre de commerce américaine en est un bon exemple et permettra notamment d’assurer une continuité avec les JO de Los Angeles en 2028.

Des campus d’été, la signature d’accords entre entreprises et tour-opérateurs viendront de surcroit  créer du liant pour les villes des départements franciliens moins exposées que la ville de Paris. Le Val-d’Oise dispose ainsi d’une vingtaine de centres de préparation aux Jeux, et d’un fonds de 30 millions d’euros pour soutenir les grands projets d’investissements sportifs.

Des projets plus qu’ambitieux pour un département investissant près de 1.5 millions d’euros par an pour le sport d’élite. Un projet de grande envergure à hauteur de 12 millions d’euros et labellisé « Terre de jeux », permettra notamment d’apporter une dimension globale à l’échelle locale.

La force des Jeux Olympiques réside aussi en la capacité de la banlieue parisienne à émerger et  se délier de la  réputation défavorable qu’elle incarne depuis plusieurs décennies. Paris ne peut se permettre de se doter d’installations qui seront ensuite laissées à l’abandon, pour des raisons économiques évidentes, mais également en termes d’image. Le gouvernement ambitionne donc par le biais des Plans de Rénovations Urbains, essentiellement déployés dans le département de la Seine-Saint-Denis, de créer une attractivité solide et pérenne pour ses concitoyens.

En ce sens, les JO possèdent une importance  particulière et doivent permettre l’intégration de toutes les classes aux festivités. La Métropole du Grand Paris mise notamment sur la construction et la rénovation d’infrastructures publiques de part et d’autre de l’Ile-de-France, à travers de larges politiques de financements comme dans les communes d’Aubervilliers (4 millions d'euros), du Bourget (2 millions d'euros), de Colombes (2 millions d'euros), ou d’Aulnay-sous-Bois (4 millions d’euros). La réinvention du soft power passe par le canal social, le tissu économique, mais également par l’étendue des financements consentis pour la réalisation de l’évènement.

Les JO de Paris entendent donner une “caisse de résonance” à la diplomatie sportive française qui se ficelle principalement hors de nos frontières lors des grandes compétitions. Le secteur sportif français pèse à l’heure actuelle 90.8 milliards d’euros pour quelques 500 000 emplois selon la BPCE, témoignant de la force du secteur. Pour autant, la crise du COVID-19 est venue fragiliser le sport amateur et mettre en exergue les carences de notre mécanisme global, notamment pour le sport féminin, dont les résultats à l’échelle internationale doivent être maintenus lors des prochains JO.

Soutenir des disciplines d’avenir.

Les Jeux Olympiques modernes voient l’éclosion de nouvelles disciplines dont  le « e-sport ». À ce sujet, la France regorge de talents qui auront une véritable carte à jouer lors des JO de 2024. Ce  secteur en essor, bien que conspué de critiques et clichés dont il faut se détacher, permettrait  à la France de se démarquer et d’endosser le costume de “faiseur du roi”. L’essor économique est à prendre en considération pour un secteur générant près de 2.9 milliards d’euros de revenus, mais dont la France ne tire profit de “seulement”  50 millions d’euros, faute d’intérêt prononcé sur le sujet. Pour amener à une plus grande adhésion de cette discipline, les décideurs  pourraient  se saisir  de la mise en place de campagnes de communication à grande échelle concernant la sédentarité de la discipline, favoriser l’encadrement et le développement de la pratique dans les territoires dans une logique écologiquement responsable, par la promotion notamment des valeurs inclusives, les liens intergénérationnels de la pratique, le développement des réflexes, le sens de l’effort, ou encore de la créativité.

Au-delà des résultats sportifs, ces JO devraient accélérer le processus de cohésion sociale, de concorde nationale dans une société française sclérosée par des contestations sociales. Le sport est reconnu comme vecteur d’unité, et des lignes transpartisanes doivent infléchir ces positions rigoristes, comme le veulent la pratiques des activités physiques et sportives (APS) qui permettront le lien intergénérationnel, la création d’emplois et la refonte du système de santé.

Auteur :

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Kevin Combe

“Rédacteur pour le Cercle de Stratégies et d'Influences”

Rédacteur pour le Cercle de Stratégies et d’Influences, Kevin COMBE est diplômé d’un master 2 en sciences humaines et sociales, spécialisation « métiers du politique ». Par le biais de son parcours universitaire et de ses différentes expériences professionnelles, Kevin  s’est spécialisé sur le sujet de l’influence et des dynamiques politiques françaises et internationales. Par son passé associatif et  militant, il ambitionne de comprendre les logiques politico-sociales auxquelles la France est, et sera confrontée dans les années à venir.

 

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 : un soft power réinventé ?

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